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 Souvenances et grains de fumée. } Eikichi.

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Nehohi Okazaki [Lush]
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Nehohi Okazaki [Lush]


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MessageSujet: Souvenances et grains de fumée. } Eikichi.   Souvenances et grains de fumée. } Eikichi. EmptyMar 29 Sep - 0:51

Nehohi frappa la façade de verre immaculée du plat de sa main. Le regard noir, elle faisait face à un homme dégingandé, l'œil rouge, le teint flasque. Il n'y avait pourtant rien de personnel dans l'attitude quelle avait adopté, et ce n'était non plus pas une vieille femme en détresse qui était impliquée. C'était moins nébuleux que cela, un simple dealer que Rihito avait un peu trop côtoyé dans le passé et qui cherchait maintenant à avoir ses comptes. Ainsi, comme elle gérait la gestion du financièrement de l'organisation des Oubliés, elle n'avait pas hésité, affable, à expliquer à l'homme face à face qu'ils n'allaient pas se faire arnaquer. Avec tout l'honneur et toute l'humilité que cela méritait, c'était épuisée qu'elle avait assommé l'homme complètement saoul, sans doute sur le point de s'évanouir. Pèle-mêle, elle ramassa son sac répandu à terre et sa veste qui n'était plus qu'un vulgaire tas de saleté. L'humidité de ce jour d'automne ne présageait réellement rien de très bon : si les riverains passaient leur chemin sans s'attarder, Nehohi prévoyait une soirée longue et morne. Les habitués du Quartier sortis, Lucifel obligé à une soirée estudiantine que l'adolescente commençait à maudire, il lui serait aisé de ralentir l'allure pour rentrer. Aussi, l'humeur n'y était pas : chacun de ses pas s'ajoutait aux autres comme un poids des plus douloureux : était-ce l'illusion d'une fièvre qui traversait son front et ses tempes, et qui faisait désagréablement vibrer ces dernières?
Elle lâcha un froid soupir.

Ses yeux traversèrent rapidement les vitrines illuminées, les spots de publicité vantant les vertus d'un nouveau shampoing, les jeunes couples amoureux, les vieillards qui marchaient avec peine, les Sans Domicile Fixe, les cadres attendant l'autobus afin de rentrer chez eux, et elle eut mal aux yeux de voir tant de vie dans ces inconnus, qui avançaient vers la finalité de la vie à laquelle ils croyaient encore. C'était précis, simple, d'un manichéisme navrant : l'enfer, le paradis. Si il fallait opter pour la bienséance afin de régner non loin du jardin d'éden, il fallait prêcher les calices pour s'avilir vers le pandémonium. En supposant qu'elle n'ait pas la possibilité de voir son frère avant sa mort (option très peu probable, elle savait qu'il faudrait.. qu'il faudrait qu'elle arrête de se défiler constamment) elle avait au moins le regret (et la certitude) d'être assurée de le rencontrer en enfer. Raison de leur voyage express vers les abimes de l'enfer? Inceste.
Tout était de sa faute.

Elle se mordit le poing, se rappelant à l'ordre. S'enfoncer dans des lamentations ne servait à rien. C'était la première constatation qu'elle avait fait en quittant la résidence des Okazaki, qu'elle avait heureusement continué d'appliquer jusqu'à aujourd'hui. Elle avait vingt ans, des souvenirs plein la tête, un frère qu'elle aimait (et tentait d'oublier), tenait tête au gouvernement avec une organisation aux rêves utopiques et rêvait d'évasion. Une soudaine et fulgurante douleur lui traversa les yeux. Nehohi s'arrêta dans le bout d'un cul-de-sac, déposa sa besace au sol et se frotta frénétiquement les dessous des yeux. Sans effet, la manœuvre se mua en massage de ses tempes. Tandis que sa pré-migraine commençait à se calmer, d'étranges bruits se faisaient entendre. Elle releva lentement la tête, le regard endormi et clair.
Somnoler.

Elle vaguait entre deux états : celui de l'action, dans lequel elle arrivait à tout oublier, et le douloureux, celui qui resurgissait parfois par piques désagréables : Eikichi. Sa mère. Ses bras. Yutsuki. L'odeur du café au petit-déjeuner. Parfois importants ou parfois infimes, des détails qui avaient un jour fait son quotidien, et qui revenaient en force.

En cet instant précis, il n'y avait que la douleur fulgurante qui la transperçait. Rien d'autre.

Elle sortit de l'allée et continua naturellement son bonhomme de chemin.
Pour aller où?
Pour aller où?
Éprouvant soudain le désir de se rafraichir la gorge, elle attrapa la petite bouteille d'eau qu'elle avait pris le soin de glisser dans son sac avant de sortir, l'ouvrit sans ménagement, jetant vulgairement le bouchon à terre, sans réellement s'occuper de savoir combien de temps il resterait avant de disparaître de sa surface. Et elle but. Longtemps.

Elle avait vite fini la bouteille. Nehohi se retrouvait donc à ne savoir que faire devant un nombre incroyable de boutiques de mode : vente de gros, de sous-vêtements, de jeans, de prêt-à-porter, de style punk, gothique, classique, coloré.. elle ne savait plus où donner la tête, regardait les vitrines illuminées sans réellement le faire, tandis qu'un léger coucher de soleil commençait à faire surface : sans trop savoir pourquoi, Nehohi détesta cette journée. Il y avait quelque chose de sale dans les mensonges qui se reflétaient dans le regard de tous ces inconnus, quelque chose de dégoûtant qu'elle avait envie d'écarter d'elle. Quelque chose de mensonger et d'hypocrite. Qui dit que pour aimer, il faut une once d'hypocrisie? Qui se voile le regard par des facilités? Qui croit encore aux rêves illusoires, aux Illusions Perdues, à ces songes d'illuminés qu'on imagine ravagés par le froid un soir d'hiver? Et ils meurent, ces gens.
La crédulité était devenue inutile, commune à tous.

En plus de détester cette journée, Nehohi se permit le luxe d'un instant, celui auquel on goûtait une fois dans une vie, qu'on ne se promettait de ne plus désirer : celui de détester le monde.

Elle avait peur de voir une tâche invisible en regardant dans le creux de sa main. Elle avait peur de croiser des personnes qui appartenaient à son passé. Elle avait peur de la lueur qui se reflétait dans son regard en cet instant. Elle avait peur de ce passant, là, au loin, archet à la main.

Nehohi Okazaki sembla soudain voir son frère. Elle ferma les yeux, les rouvrit. L'illusion pendait-là, miroitante. Elle eut envie de l'écraser, cru rêver, aspira à s'éloigner, mais leur regards se croisèrent.
L'heure de vérité venait de sonner.

{ NB: En plus de la rencontre trop légère et de la chute à laquelle cela a abouti, ce post est terriblement court. Je m'en veux et espère que tu sauras te débrouiller avec le peu que je te laisse. }
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MessageSujet: Re: Souvenances et grains de fumée. } Eikichi.   Souvenances et grains de fumée. } Eikichi. EmptyJeu 1 Oct - 23:30

- Donne-moi une minute.
- Avec plaisir...

Une minute pour s'égarer entre deux temps. La porte au fond du long couloir se referma en un claquement sonore sur Rei'chi Okazaki. La porte de la salle de bain. Eikichi tourna les talons et passa au salon le plus près, sa main droite s'accrochant sans force au cadre du mur qui ouvrait sur la pièce en laquelle régnait le silence, marié à une douce lumière que laissaient filtrer les carreaux des hautes fenêtres découvertes de leur rideaux. Le ciel était gris, lourd de remords qu'il ne tarderait pas à laisser tomber sur les têtes inconscientes.
D'un pas lent, Eikichi pénétra le silence sans le troubler et s'arrêta au côté d'un imposant piano à queue, qu'il n'osa regarder, mais duquel il vint malgré tout à s'approcher, le regard vissé à ses chaussures noires qui avançaient l'une devant l'autre avec la constance d'un métronome. La proximité du piano le forca pourtant à s'immobiliser et alors, les yeux d'Eikichi, de ses pieds passèrent à ceux de l'instrument, suivirent l'élégante courbe de ses pattes, trouvèrent le couvercle reluisant du clavier, et s'y accrochèrent. Sa raison l'abandonnant, il souleva le couvre clavier de sa main gauche et la droite s'immisca dans la fente ainsi créée, se positionnant au-dessus des touches en les frôlant, dans un accord en la mineur, amorce de l'une de ses premières compositions. Mais cette amorce ne vint pas, le regard du pianiste déchu rencontra un étui noir négligemment appuyé dans un coin de la pièce. Il sembla à Eikichi que l'instrument qui s'y vautrait, par delà le cuir de son cocon, dardait sur lui un regard accusateur. Traître. Sa place n'était pas au clavier, mais là-bas, auprès de ce corps de bois vide aux courbes pourtant pleines. Mais il avait perdu la voix. La dernière fois qu'il avait chanté, à peine une note, une corde s'était aussitôt rompue et depuis, il veillait dans son étui, dans l'attente qu'on le soigne.

- Eikichi! Je t'attends dans la voiture!

Saisi, le musicien sans musique sursauta, l'épais couvercle lui glissa des doigts, et s'écrasa lourdemment sur sa main droite, provoquant un accord dissonant, trame de la grimace qui crispa les traits de son visage alors qu'il se pliait en deux, sous le coup tranchant de la douleur. Son cri fut celui de l'instrument et, dès qu'il retrouva une once de courage, il ouvrit d'un geste tremblant la gueule du piano afin d'en retirer sa main meurtrie. La morsure n'était pas bénigne, l'index et le majeur étaient figés dans un angle irrégulier, et une tache bleue s'était aussitôt répandue : des veines s'étaient sans doute rompues sous le choc.
Son père n'avait rien vu. Tant mieux, songea Eikichi en tirant sur l'une des bandes blanches dont on se servait pour nouer une boucle autour des rideaux. Le ruban entre ses dents, il couvrit les jointures tordues de sa main droite avec sa main valide, inspira profondément, retint sa respiration et, appuya d'un mouvement sec. La douleur fut aussi perçante, sinon pire que sous le poids du couvercle. Cela fait, il s'empressa de panser sa main avec la bande de tissu, y fit un noeud serré en s'aidant de sa bouche et sortit promptement en enfilant maladroitement un veston.

- Mon Stainer, je vous prie. Fit-il à l'adresse du premier domestique qui se trouva sur son chemin.

Une bourrasque de vent frais l'enveloppa dès qu'il mit le pied dehors. Le suivait un domestique qui portait un gros étui noir, qui fut déposé dans le coffre de la voiture. Cette dernière était déjà en marche lorsque Eikichi s'y engouffra, prenant place sur la banquette arrière auprès de son père. Aussitôt la voiture s'engagea vers la route. Prenant soin de masquer sa main, Eikichi abaissa la fenêtre de son côté de quelques centimètres et garda sa tête tournée vers l'extérieur.
Rei'chi sourit, moqueur, son fils répétait le même manège depuis qu'il était petit, dès qu'il se retrouvait dans une voiture. Il faut dire que l'homme d'affaires était d'humeur particulièrement joviale, enfin, si on compare à l'habitude, car il avait rendez-vous avec une charmante agente de voyage, au centre commercial. Monsieur planifiait de s'envoler pour quelque île du Sud, parce que Monsieur méritait des vacances, après tout ce cirque médiatique dans lequel sa vie avait baignée au cours des dernières années.

- Que dis-tu des îles Fidji?

Sans regarder son père, Eikichi haussa une épaule, complètement désintéressé.

- Pourquoi pas...

Les îles ou bien ici, elle était où la différence, au fond? Son père serait toujours le même, seulement il serait plus loin. Beaucoup plus loin... Vu comme ça, l'idée des vacances ne paraissait plus si banale. Mais il demeura silencieux. Peut-être son père en ferait-il de même, avec un peu de chance.

- C'est là que ta mère et moi avons passé notre lune de miel.

Enfin, le centre ville.

- Elle aurait aimé y retourner.

Enfin, le centre commercial. Dès que la voiture s'immobilisa, Eikichi en sortit vivement et s'empara de son étui dans le coffre dès qu'il fut ouvert par le chauffeur. Il rejoignit le trottoir et s'éloigna d'un bon pas.

- Rendez-vous ici dans deux heures!

Il tourna au coin de la rue, fuyant l'écho de la voix de Rei'chi, et se retrouva devant maintes boutiques de tous les genres. Il ralentit. L'endroit qu'il recherchait n'était pas bien loin. Une entrée donnait sur la rue, l'autre à l'intérieur du centre commercial : Sakura Strings. Voilà, juste devant à quelques mètres. Avant d'entrer, il se prit à l'observation de la vitrine et des instruments qui y étaient exposés. Le sien de compagnon n'avait pas leur brillance, leur jeunesse, mais il avait l'unicité, l'application d'un luthier d'antan, et des fragments d'âmes de tous ces musiciens qui avaient frotté ses cordes avant Eikichi.
Il entra, la porte était ouverte, et fut rejoint par un employé, un jeune homme à l'allure chétive dont le visage était décoré d'énormes binocles. Le genre de garçon qui devait consacrer son existence à la musique, au point d'en oublier sa vie sociale, cela se voyait à ses manières hésitantes et son sourire timide. Mais sa passion pour la musique, dès qu'il se mit à parler, l'anima nerveusement, c'est à peine s'il ne sautillait pas sur place.

- Monsieur Okazaki, bonjour! Comment puis-je vous venir en aide? Ah! Mais je vois que vous avez apporté votre Stainer! Quelle chance! Enfin, je... Mes collègues m'en avaient parlé... C'est que nous n'avons pas la chance d'en voir un tous les jours!

L'employé portait désormais le violoncelle et se dirigea vers l'arrière-boutique, suivi de son client. Il déposa précautieusement l'instrument sur une large table et le découvra du dessus de l'étui. Mains jointes comme s'il priait, il constata le Stainer un long moment sans dire un mot. Eikichi, patient, le laissa à sa contemplation en jetant un coup d'oeil sur les alentours, un atelier où dormaient des ébauches de violons, violoncelles, contre-basses...

- Je... Je... J'ai ouï-dire que vous aviez également un... un... Sur le ton de la confidence, il se pencha vers l'homme qui le dépassait d'au moins une tête, un... Stradivarius!
- L'affaire n'est pas encore conclue mais, cela ne saurait tarder, effectivement...

Le garçon était littéralement pendu à ses lèvres et attendait visiblement plus, aussi Eikichi reprit-il, légèrement embarrassé.

- Vous croyez que vous pourrez changer la corde pour ce soir?
- Pardon? Oh! Oh mais bien entendu monsieur Okazaki! Je vous fais ça tout de suite en un rien de temps! Et... Enfin, seulement si vous en avez l'envie, vous pouvez essayer notre plus récente création, ou plutôt... Mon premier violoncelle potentiellement jouable... Bien qu'aucun musicien digne de ce nom ne l'ait encore essayé... Mais seulement si vous voulez!
- Ne jouez-vous pas vous même?
- Oui mais... Ce n'est rien, à côté de vous! C'est le noir, près de la vitrine...

Qu'aurait-il dit, ce gamin, si Eikichi n'avait pas omis de préciser qu'il collectionnait certes toujours les violoncelles de valeur, mais qu'il n'en jouait plus? Que la dernière fois qu'il s'y était risqué, il avait cassé une corde et qu'alors, une terreur puérile l'avait paralysé, condamnant le Stainer à son étui, et lui au silence.
Sans réfléchir, il agrippa son archet glissé dans un compartiment à cet effet et sortit de l'atelier, retrouvant la boutique dans laquelle une jeune fille, une employée, s'entretenait avec une femme et sa fille dans la section des violons. Le violoncelle n'avait pas le même air que le sien, il n'avait pas sa prestence, mais reluisait et semblait fier, pimpant, comme s'il attendait qu'on le mette au défi. Eikichi s'en approcha, tenant son archet dans sa main droite, engourdie et douloureuse, mais apte à tenir la baguette malgré tout, et ce n'était pas que l'orgueil qui l'y obligeait, mais un besoin irrépréssible de jouer. Il soupira en fermant les yeux, redressant sa tête vers la vitrine, puis les rouvrit, et manqua échapper son archet sur le sol.

Combien de temps demeura-t-il ainsi, immobile parmi les instruments silencieux? Que lui importait. Elle avait changée, mais il s'agissait bel et bien de Nehohi. Sa soeur, sa soeur... Nehohi. Elle lui revenait, mais saurait-il la retenir?
Ses doigts endoloris se resserèrent autour de l'archet, il fit un pas vers l'arrière, puis un autre, et sa main libre vint trouver le manche du violoncelle noir. Alors seulement, son regard se détourna, Eikichi prit place sur une chaise, le violoncelle entre ses jambes, positionna sa main gauche sur le manche, tendit son archet au-dessus des cordes... Et joua un morceau qui s'imposa à lui, en lui, l'inoubliable sonate de Bach qu'il avait faite sienne des années auparavant. Le chant du violoncelle, d'une profonde richesse, plein et juste, s'éleva dans la boutique et fit taire les voix. Les paupières d'Eikichi se refermèrent sur la réalité alors qu'il se laissait embrasser par la musique, se soumettant à son joug avec abandon.
Saurait-il la retenir?
Le ciel commença à verser quelques larmes éparses, accompagnant de son doux murmure la complainte du violoncelle.

Saurait-il la retenir...
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MessageSujet: Re: Souvenances et grains de fumée. } Eikichi.   Souvenances et grains de fumée. } Eikichi. EmptySam 10 Oct - 21:26

Elle se rendit compte de la lourdeur du poids que ses talons portaient. Elle réalisait avec une aigreur qui ne lui ressemblait pas combien l'éternelle envie de fuir revenait en force, paralysant son regard, emballant son rythme cardiaque. Devant elle se tenait Eikichi Okazaki. Embuée par le cercle vicieux de ses émotions elle concevait qu'il semblait avoir paru se figer également en rivant son regard vers elle. Ce regard. Elle avait soudainement envie de s'approcher, d'en faire mille et une éloges, de faire vœu de la plus fidèle des chastetés, de ne pouvoir que le regarder, de s'arrimer à tout ce qu'elle arriverait à saisir du doigt, et enfin se consumer dans cette foulée acérée de sentiments, à laquelle Nehohi ne savait où donner tête. Il fallait qu'un événement vienne briser le tout. Laisser abandonner cette désespérance, ces faux-espoirs, cette fausse envie de tout abandonner de nouveau. Elle ne voulait plus endosser le rôle de garce auquel elle s'était abandonné en quittant Eikichi et en volant Lucifel à Samaël.

Nehohi pensa à son père, à sa défunte mère, à Rihito, aux jumeaux Esaias, à Takahiro et Ori. Toute sa vie sembla soudain défiler devant ses yeux. Yutsuki fit lui-même une longue et infinie apparition, sans qu'elle sache si, lui, lui en voulait ou pas. Le paysage prit brutalement plus d'importance : un ciel gris, menaçant de violents orages, d'immenses et indéfectibles buildings, la populace tokyoïte dans sa plus brute approche, et enfin ces incommensurables boutiques, qui n'en finissaient pas. Un incroyable mélange de couleurs qui se confondaient, se mélangeaient, s'approchaient, se rencontraient, s'apprivoisaient. Du rouge, du violet, du bleu, des néons.

L'adolescent qui pointait du doigt l'anonymat, l'indifférence, la normalité. Qui criait à « Regardez-moi, je souffre », la mère affable trompée par un mari occupé et travailleur. De jeunes enfants, barbes à papa à la main, qui réclamaient finir la soirée en faisant les magasins. Une voix de jeune nounou qui disait ne pas avoir d'argent. Un baiser, un tremblement, une caresse.
Ils frémissent tous.

Nehohi qui s'enquérait de cette banalisation, d'un œil absent et creux, alors que tout son être et tout son corps tendait à se tourner vers l'homme à l'archet. Ce n'était plus alors simple histoire de désirs adolescent, d'amour hésitant, mais bien d'un passé qu'ils tentaient d'oublier. Mais dans la cruelle optique de Nehohi, jamais ne lui était venu à l'esprit qu'ils veuillent ensemble tenter de reconstruire ce passé éméché dans le présent.
Il joua.

Il savait, l'avait vu. Ce n'était ni la joie, ni la recouvrance du bonheur qui s'emparait de Nehohi en cet instant. Plus tant vide non plus. Et elle revit lentement l'hypothétique scène, celle, où, alors âgée d'environ treize ans, cachée par la porte mi-ouverte de la magnifique pièce, elle l'entendait jouer ce son qui deviendrait celui qui rythmerait ses pensées. Magnifique, Eikichi l'était : sorti de l'adolescence, dix-neuf ans, sa maturité physique ne faisait qu'encourager la classe et le maintien naturel qu'il avait toujours eu, alors mésestimé par le trop plein de jeunesse qu'on voyait dans ses yeux. S'était-elle concentrée sur le pianotement de ses mains- alors si belles, si grandes, oh oui, si grandes!, avait-elle été hypnotisée par l'apothéotique concentration de son visage, alors trop sérieux, ou était-ce simplement la beauté du son qui avait fait le tour de ses sens avec une intensité nouvelle?

Ces trop anciennes impressions revinrent en bloc.
Subitement.

Elle ne se laissa plus vivre. Et pourtant, cette sensation devint de plus en plus douloureuse, les minutes avançant. Elle commençait enfin à trouver un semblant de motivation qui lui paralysa les membres quelques instants. Combien de temps n'avait-elle pas réellement désiré quelque chose? Elle baissa la tête, dents serrées, fermant les yeux. Il n'y aurait pas de mélodrame stupide.

La pluie. Nehohi attrapa habilement son parapluie qu'elle déploya sur sa tête. Les gouttes ne valaient rien pour l'instant. Son habit de noir recouvrait la moitié de son visage, tourné de biais vers le musicien déchu. Plus rien n'avait d'importance : la population avisée qui se rappellerait du tapage médiatique et qui faisait en ce moment-même partie des gens présents, la haine de Samaël ou encore son attribution d'Oubliée Ô combien condamnable..

S'avancer en faisant fi de sa présence? Le fixer jusqu'à ce qu'il relève les yeux vers elle? L'acculer de ses lèvres?

Dans son esprit, la jeune femme énumérait avec soin toutes les possibilités qui s'offraient : celle-là, ou celle-ci, ou encore cette autre, ou cette dernière, intéressante.. comme un vicieux jeu de hasards, Nehohi préparait méthodiquement le programme de ses prochains jours. Il était foncièrement évident qu'il s'était mis en évidence pour qu'elle remarque sa présence, qu'elle prenne conscience qu'après tant de temps, pour lui, peut-être, rien n'avait changé.
Stupide.

Pourquoi donc s'imposer aisément cette déraisonnable solution de facilité? Il en encourait de trop de choses à la fois, auxquelles Nehohi n'avait plus l'habitude de réfléchir. Et sa silhouette perdurait, entre des milliers de travailleurs qui aspiraient à regagner leur maisonnée : des grognements, des excuses exaspérées, peut-être même des demandes impatientes « Vous bousculez le passage, jeune fille! ». Et non loin d'eux, le cauchemar des heures de pointes, l'horreur personnifiée des compendieux conducteurs : l'arrêt de bus. Il sembla qu'elle se fit bousculer par un homme costume-cravate, qui avait soudainement abandonné son air de sérieux travailleur par une espérance transpirante de ne pas rater le transport commun, qui venait de s'engager vers l'arrêt, sur l'immense espace qui lui était réservé. Les conversations environnantes avaient un volume sonore qui était multiplié par trente. Et lentement, comme à un enfant à qui on apprend à marcher, elle fit un pas, deux pas en avant. Évidemment trop lent pour les tokyoïtes, qui lui demandèrent prestement de s'activer, puisqu'il en allait de leur soirée. Ses yeux regardaient le passé, baissés au sol, lourds.

Immuable, le chant du violoncelle résistait, et c'était plus que la présence de son frère qui la motivait. Quatre. Cinq. Ses précédentes alternatives allaient être réduites à néant. Pourquoi se défiler? Pourquoi pas? Une sensation d'empressement lui serrait le cœur, la poitrine et les poumons. Tout allait plus lentement. Elle était un simple point, un futile grain de poussière parmi tant d'autres.
Qui n'avait pas le droit d'aimer de crime. La musique se rapprochait. La violente rumeur des conversations s'atténuait peu à peu pour se transformer en doux murmure. Les gens s'en allaient, les autres perduraient. La pluie commençait à faire rage, son bruit semblait frapper son parapluie avec une violence qu'elle croyait impossible.
Un mètre.
Son souffle se fit plus bruyant, moins régulier. Elle porta son poing à son thorax, ses dents se déserraient, lentement. Quatre-vingt dix centimètres. Elle ferma les yeux, fort, bien trop fort. Son crime. L'ignominie de l'inceste. La souillure de son corps, le sang impure duquel il coulait était le même que celui de son frère. Le mal, le déshonneur, la déchéance, l'avilissement. La faute, jusqu'en enfer. Ils étaient sales, avait dit Samaël. Elle l'était. Elle avait amené son frère à la condamnation, à stigmatisation, une vie emplie de remords. Elle l'avait abandonné. Lâchement. Soixante centimètres. Elle voulut crier sa peur et montrer son angoisse.

Cinquante centimètres.
Avec le plus de lenteur possible, elle leva ses yeux. Tout semblait mort. Silencieux. Plus rien n'existait. Elle pensait vainement qu'elle avait encore le droit de lui adresser la parole. Elle pensait encore qu'il y avait espoir qu'ils puissent entretenir une conversation. Elle revenait vers lui comme un coup de vent, sans prévenir. Sa voix rêche, basse, murmurante, semblait avoir pris dix ans. Cela faisait à présent plus de trente-six mois qu'ils ne s'étaient pas vu. Cent-quarante quatre semaines. Mille huit jours. Tant de minutes perdues, astucieusement consacrées à apprendre à ne plus y penser. Mille huit jours de lâcheté. Mille huit jours de transparence. Tout ce temps qui était comblé en quelques minutes.
Frustrant.

Elle ouvrit longtemps la bouche sans qu'un son n'en sorte. Eikichi continuait de jouer, imperturbable. Il la voyait. De ses yeux bleus-gris. Ses doigts glissaient sur l'instrument, habilement, trop habilement, tandis qu'elle, faible et vaine, se raccrochait aux détails les plus futiles, acharnée. Elle baissa ce foutu parapluie, qui tomba au sol. Son visage se mouilla, ses cheveux coulèrent presque et son regard, imperturbable, fixait son frère.
Autour d'eux, le rien, ces gens.

    « J'ai toujours voulu que tu m'apprennes à jouer. »


Tu es à moi, personne ne te touche, personne ne te regarde. Tu es mien. Nous. Seuls. Ensemble.
Elle secoua vigoureusement la tête, se rappelant à l'ordre. Penser de telles choses était mal. Personne n'appartient à personne. Une grosse connerie. Elle n'était pas la seule à vivre dans une telle optique. Ces inconnus aussi l'avaient déjà désiré. Mais ce n'était pas aussi condamnable. Elle ramena ses mèches rebelles-mouillées- derrière son oreille. Elle pesa lourd, ses paroles aussi. Les yeux brillant de pluie, elle regardait l'archet, s'affaissant soudain. La couleur brillait que trop sous cette pluie intense, couleur aux semblants mordorés. Magnifique. Sa gorge se serra, elle étouffa un sanglot, fichtrement sentimentale.

    « Mais aujourd'hui, c'est impossible. »


Ses yeux s'étaient accrochés à ceux de son frère. Impassibles, froids. Indifférents. Qu'importe, il l'avait vu! Jouait..! Intérieurement, son entrain diminuait. Il avait, si cela se trouvait, pris l'habitude de se convier personnellement à de tels plaisirs, conviant ces visages sans nom à profiter de ses sons divins. Était-il brimé par des inconnus? De part son statut, elle en doutait fortement, même si ce qu'il devait subir était finalement pire que ce à quoi elle évitait de penser en sortant dans la rue : les petites remarques ironiques, les railleries glaciales et jalouses des plus grands de ce monde devaient décorer la plupart de ses repas d'affaire. Habile, indifférent et calculateur, il avait réussi à s'élever. Silencieusement. Alors qu'elle avait continué à faire du bruit, comme une idiote de gamine qui voulait à tout prix son jouet favoris. Vaincue, elle ramassa le parapluie, le secouant près d'eux, et, se redressant d'un geste décidé, les couvrit tout les deux. Ce n'était pas la meilleure manière pour tenter de se faire pardonner. Elle savait qu'elle s'y serait mal prise dans tous les cas. Ils étaient bien trop écorchés dans le vice par le passé pour tenter de s'abrutir d'amendes honorables.


{ NB: 1702 mots
Désolée du retard T-T }
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MessageSujet: Re: Souvenances et grains de fumée. } Eikichi.   Souvenances et grains de fumée. } Eikichi. EmptyMer 14 Oct - 20:53

Ça y est.
C'est ce qu'il avait dit, le professeur de musique aussi beau que sévère, des années plus tôt, en écoutant pour la énième fois Eikichi jouer. Toujours bien mis, il avait le sérieux d'un homme d'expérience, mais émanait de lui la force de la jeunesse. L'adolescent qu'était alors le violoncelliste s'en sentait même, parfois, vieux. Lui et son ennuyante politesse, lui et son visage imperturbable, lui, l'élève modèle, se sentait minuscule et pathétique, lorsqu'il avait une leçon. Mais celle-là avait été sa dernière.
Ça y est. Tu l'as sentie?
Il s'était approché d'Eikichi, avait tiré le banc du piano et s'y était assis, face à son élève, ses yeux perçants rivés aux siens, son corps tendu vers lui. Il l'intimidait. Les parfums de toutes les femmes qui devaient avoir passer dans son lit l'avaient assaillit. C'était l'odeur de la concupiscence, des effluves qui étaient alors inconnues à Eikichi. Il avait baissé les yeux, ne sachant que répondre.
Moi je l'ai sentie. C'était elle, la musique... Tu l'as séduite, Eikichi, tu l'as faite tienne et maintenant, tu en fais ce que tu veux, elle t'appartient.
Et il l'avait touché. Ses doigts s'étaient posé sur son torse et le garçon s'était brusquement redressé, soutenant le regard de l'homme, sous le choc. Il parlait de la musique comme d'une femme, et la musique lui empruntait son visage, aux yeux du blanc-bec qu'Eikichi était. Il avait acquiescé, bêtement, incertain, et l'autre s'était relevé en riant. Sa grande main d'adulte avait ébourriffé les cheveux du jeune Okazaki, et il était parti, abandonnant la musique à son nouvel amant.

Aujourd'hui, Eikichi embrassait le chant de son violoncelle avec cette aisance que le professeur avait perçue, c'est ce qui était devenue sa virtuosité. Plus aucune contrainte. Une fusion totale, une harmonie absolue. L'instrument devenait une extension du corps, la même vie qui faisait battre ce coeur faisait vibrer ces cordes et résonner cette caisse. C'était un acte de chair que de libérer la musique de sa partition. Cela dépassait la capacité de compréhension de bien des gens, aussi Eikichi ne s'était-il jamais efforcé d'expliquer ce lien à qui que ce soit, excepté à elle, petite soeur fantôme qui reprenait forme dans son paysage brumeux, sur lequel il avait du mal à risquer son regard.

Tokyo vivait et fuyait la pluie, Tokyo courait, comme toujours, Tokyo ne prenait le temps de rien et Tokyo avait disparut. Il n'y avait plus que la voix du violoncelle pour l'envelopper, et la musique pour l'habiter, pour vivre à travers lui, qui s'y livrait sans retenue. Persistait pourtant, malgré tout ce qui n'existait plus, le parfum du passé qui parvenait à pénétrer l'harmonie. Il se rapprochait, et bientôt se trouva devant lui. Tête basse, comme il avait l'habitude de l'incliner lorsqu'il jouait, Eikichi vit les chaussures d'abord, et tout comme il jouait, son regard suivit la jambe, rencontra le bas-ventre, escalada avec peine jusqu'à la poitrine, glissa dans la courbe du cou, effleura les lèvres, et pris les yeux. Douce Neho...

Et puis, un sourire, fugace, mais quand même. Aucune gêne.
Lui apprendre à jouer...
Si elle lui aurait demandé, il lui aurait appris. Peut-être avait-elle toujours voulu, sans vraiment le vouloir. Peut-être... n'avait-elle toujours que voulu le vouloir. Qu'importe. Il ne lui apprendrait jamais. Elle ne demanderait jamais. Il ne lui laisserait jamais demander. Le violoncelle ne lui appartiendrait jamais qu'à travers lui. Entre le violoncelle et Nehohi se tenait Eikichi. Il en serait toujours ainsi, ou alors le violoncelle n'aurait plus raison d'être, et son musicien non plus.
De marbre, Eikichi jouait toujours. Ivre de musique, il ne sentait plus sa main, ne sentait plus grand chose, sinon elle. Ce moment leur appartenait. L'univers était avec eux, Tokyo s'était éclipsée, noyée sous la pluie, peut-être... Ce serait trop beau. Et justement, la pluie, elle aussi disparut, et cessa de s'effondrer au sol, pour plutôt rebondir sur la toile étirée d'un parapluie.

Bach s'essoufflait, l'archet tirait ses dernières notes des cordes tendues de l'instrument, et Eikichi sentait sa soeur déjà loin. Elle s'égarait, encore une fois, il devrait la retrouver et la ramener à lui. Un son, final, se dispersa dans l'espace, et Eikichi abaissa son archet, ses yeux rivés au visage de sa soeur. Ses cheveux étaient courts...
Un frisson le prit alors. Ses épaules étaient humides, ses cheveux aussi. Il ne s'en rendait compte que maintenant, mais s'en fichait, en même temps. Tenant de sa main valide archet et manche du violoncelle à la fois, il se leva.

- Demain, alors...

De l'humour? À sa manière, disons. Il ne montra, cela dit, aucun signe de sarcasme ou quelque autre indice qui aurait put trahir la simplicité de ses mots. Tout en se levant, il avait, de son autre main, celle qu'il avait enveloppée dans une bande de tissu du salon, agrippé le manche du parapluie de Nehohi, le tenant pour eux deux. D'une signe de tête, il l'invita à pénétrer dans la boutique. Il n'y avait plus personne, sinon le commis qui se trouvait dans l'atelier, et une vendeuse qui passait un chiffon sur les violons derrière le comptoir.
Eikichi posa le violoncelle sur un socle, l'archet sur une étagère contenant des recueils de partitions, et ferma le parapluie avant de le pendre au dossier d'une chaise. Nehohi, ses cheveux. Il revint à elle aussitôt, s'en approcha d'un pas, rangeant sa main blessée dans une poche de son pantalon, et tendant la gauche vers la chevelure mouillée de sa soeur. Du bout des doigts, il caressa les courtes mèches, descendit jusqu'à l'oreille, dont il frôla la courbure; son pouce et son index s'appuyèrent un bref instant sur le lobe, ses doigts s'écarquillèrent, se dispersèrent sur la nuque, la caresse devenue toucher, avant de s'envoler prestement. Un bruit venant de l'atelier avait coupé court à cet élan dangereux. Autrement, peut-être ne se serait-il pas arrêté. Eikichi avait toujours eu cette étrange conscience aux limites imprécises. Le bien et le mal perdaient en lui leurs repères. Et pourtant, il avait cette manière courtoise de faire les choses, à la fois les plus banales et les plus illicites. Un défaut de fabrication, avait déjà dit son père, à la blague. Le fait est qu'il ne comprenait tout simplement pas comment l'esprit tordu de son fils fonctionnait. Et sans doute l'enviait-il un peu, quelque part...

- Tu as changée...

Il l'avait dit avec un à peine perceptible sourire au coin de ses lèvres, effacé presque aussitôt les mots soufflés. Sa Nehohi n'était plus complètement la sienne, elle n'était plus la même qu'il avait serrée dans ses bras, jadis. Et il doutait qu'elle fut heureuse. Il n'était plus là pour s'en assurer, pour la garder hors du monde et de sa noirceur. L'insouciance de leur amour lui manquait, le bonheur de Nehohi faisait le sien...

- Monsieur... Pardon! Hum... Oh! Bonjour madame...

Le commis, ou plutôt le luthier, sortait de l'atelier, l'étui du violoncelle de son client en mains. Il le posa devant lui, regarda l'homme, regarda la jeune femme, sembla quelque peu embarrassé, mais s'efforça de garder son sérieux.

- J'ai... J'ai terminé.

Eikichi ne le regardait pas. Il indiqua d'une main le violoncelle noir avec lequel il avait joué.

- Ajoutez-le à la facture, je vous prie.
Il y eut un silence. Eikichi sortit de la poche intérieure de son veston son porte-monnaie, duquel il sortit une carte de plastique qu'il tendit au commis.
- P...P...Pardon?
Patient, impassible, Eikichi reprit de son ton posé.
- Votre violoncelle, il est à vendre?
- Certainement! Oui! Biensur! Enfin... Je... C'est que je ne croyais pas que vous...

Il prit la carte que l'homme lui tendait et se dirigea vers le comptoir en la tenant à deux mains. Eikichi se retourna vers sa soeur, baissa les yeux vers l'une de ses mains. Il aurait voulu la prendre dans la sienne, et comme avant, l'amener avec lui et qu'elle le suive avec entrain. Qu'elle lui tire ses rares sourires, son rire qui n'avait plus trouver raison d'être.

- Où allais-tu?

Il l'avait vu dans le journal, plus d'une fois. La savait dans les Oubliés et aurait put l'interroger à ce sujet, s'infomer de ces années passées sans lui, trop longues, mais non. Il fallait vivre au présent, s'y ancrer, pour ne pas perdre pied dans le passé. Et puis la question pouvait à la fois s'avérer des plus simples comme des plus vagues. Où allait-elle? Il n'en savait absolument rien. Reviendrait-elle jamais vers lui?
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